Les musiques de Corse ( chants, instruments et danses) A Massoni


musique de corse large

Stà à sente, ascolta la mio chjama ! Ecouter ou entendre ?

 

Comprendre les instruments de musique implique de comprendre la musique pour laquelle ces outils ont été conçus, adaptés, perfectionnés. Comprendre cette demande également de connaître le musicien qui la compose dans l’instant et la recompose à chaque instant ; de partager avec lui son inspiration, ses sources d’inspiration ou d’interrogation, ses sentiments, ses craintes, ses croyances : un aspect de sa vie.

Mais attention comprendre ne veut pas dire prendre avec… « prendre l’ancêtre avec l’eau du bain ». Jamais dans un torrent on ne se baigne deux fois dans la même eau. Comprendre, littéralement saisir ensemble, implique que chercheur présent et musicien disparu soient de concert sujet du verbe. Saisir l’instrument pour le toucher au sens tactile, au sens musical aussi de toccata.

Compris, l’instrument devient le médiateur entre le son disparu et le son présent, ce que le chant a oublié, ou ce que nous ne savons plus entendre dans le chant, l’instrument peu la rappeler par le geste qu’il nécessite pour être sonné ; ou l’évoquer par sa forme et son timbre ; créés en analogie à la vie animale, végétale, cosmique. Comme la poésie, l’instrument est lié à la danse. Il contribue à l’apparat. Sous sa forme première, proche de la terre, des animaux et de la végétation, il soutient l’exécution des rituels sacrés. Dans une forme plus complexe il devient l’expression d’un savoir, d’une science très élaborée, au même titre que l’architecture, il exprime la puissance d’un pouvoir dominant.

La danse de l’« homo mediterraneus » , un pas devant l’autre dans le modu pelegrinu, un pas à côté de l’autre dans les danses in chjerchju, ou de haut en bas en fonction des vagues des chemins maritimes, se retrouve en Corse grâce à une transmission et un échange ininterrompus. Les rapports étaient multiples, belliqueux, commerciaux, amicaux et, curieusement, par-delà les drames personnels, un fil relie tous les partenaires de la dramaturgie. Son tissage a donné naissance à la culture corse

Le présent ouvrage est une invitation à « mordre la chaîne » comme disait Nietzsche. Mordre de rage comme Filicone qui ne lâchera plus le sanglier. Autour de l’interrogation et de l’ambivalence de la chaîne du savoir et de celle de l’esclavage (du bandeau sur les yeux ou sur le front) de nombreux chants et danses se sont perpétués pour défier, combattre, vaincre, exorciser deux terribles personnages, enfants de la nuit et que les grecs nommaient Momos er Moros. Référence à Prométhée ou au Catenacciu de la passion ? Les différentes religions, polythéistes et monothéistes ont chercher à apporter leur réponse. Inexorablement il semblerait que Chronos, bien qu’exilé dans la banquise hyperboréenne, ait toujours quelques sueurs.

 

Ascolta a moi tesa, dit le poète. Sur ses traces, je vous invite à quelques étapes.

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