La mort est dans l’après (J-P Santini)


Le regard de jade, noyé de tendresse, tel qu’il l’avait découvert dans leur première nuit d’amour, ressurgissait au décombre des souvenirs selon des fréquences de plus en plus hautes, emplissant sa mémoire, s’accordant au tempo du rythme cardiaque.

Il n’y avait qu’elle, il n’y avait plus qu’elle qui faisait sens et sensation, qui se laissait envahir pour le libérer de son désespoir et le ,mettre au monde dans un autre monde. Les senteurs et les bruits de l’humide le pénétraient partout : à ses narines, l’acidité des fougères ; à ses lèvres, les mousses imbibées ; à ses oreilles, le ruisselet fragile qui ,tinte comme un trésor ; sur sa peau, fraîcheurs métalliques qui palpitent au sol ; à son regard fermé, l’opacité des limbes dans les entrailles de la terre où s’accomplit le miracle de l’eau. Ainsi se laissait-il aller, sachant bien qu’il ne pourrait jamais aller que vers elle, ressusciter et revivre en elle, par elle , n’être plus qu’un destin accompli par ce retour vertigineux sur soi

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *