Les impressionnantes mines d’Arsenic de Matra


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Historique :

Suite à une crue du ruisseau de la Presa dans les années 1880, Marsily déclare en 1889 à la préfecture l’existence d’un affleurement de sulfure d’arsenic dans le lit du ruisseau. En 1901 deux demandent concurrentes de recherches sont adressées au préfet, l’une de Marsily, l’autre émanant de Santucci, maire de la commune. Chacun menant sur ses propriétés des travaux pour définir le gisement.

Dans les années suivantes ces personnes cherchent des alliances pour obtenir la concession. Santucci s’associe à la société des mines d’antimoine de la Bourboule Saint-Sauves (Puy-de-Dôme) et Marsily trouve un soutient dans la société des mines de Luceram. Puis cette dernière crée, le 22 juin 1906, la société « L’Arsenic », qui obtient le 28 décembre 1912 la concession. Le capital de la société anonyme augmente régulièrement, de 240 000 francs à sa création et jusqu’à 720 000 en 1912.

La revue Le répertoire financier, du 12 janvier 1912, publie un article sur la mine de Matra où il est indiquée « … l’action l’Arsenic monte et constitue actuellement la meilleure occasion du marché comptant… ». L’auteur souligne les débouchés des produits arsenicaux pour les vignobles, les arbres fruitiers, les tanneries, etc. La fin de l’article reprend le rapport de l’inspecteur général des mines E. Wickersheimer : “Le filon de Matra constitue la richesse la plus considérable en réalgar actuellement connu…”. Autre atout de la mine mis en avant, le pays est dépendant pour cette production de l’Allemagne, ce qui assure à l’exploitation des débouchés fiables.

En 1910 on estime la quantité extraite à 1 840 tonnes de minerai à 50-60 % de réalgar. Jusqu’en 1918 la production garde une grande ampleur avec près de 600 tonnes de minerai par an, trié, broyé et enrichi à 50 %. A partir de 1913 on met en mouvement un câble double aérien de 7 470 mètres de longueur soutenue par des pylônes et permettant de descendre le minerai jusqu’à la route nationale 197. Pendant la guerre la société est tenue de livrer son minerai à l’usine de la Compagnie minière et métallurgique d’Auzon à Paris, car ce produit intéresse la défense nationale pour le matériel chimique de guerre.

L’activité est superficielle, et en 1918, avec la fin des commandes de guerre, les ventes se réduisent et en 1922 la société l’Arsenic est mise en liquidation. La mine est reprise par la société “Mines et produits chimiques des Alpes Maritimes”. La mine fonctionne régulièrement jusqu’en 1929. Dans la grande crise économique des années 1930 l’activité est stoppée en 1932. Une légère reprise en 1933, est superficielle.

En 1935, la société l’Arsenic remet la mine en activité et une nouvelle usine de flottation est installée. Une activité réduite et irrégulière continue jusqu’en 1946.

En 1912, 51 ouvriers travaillent à Matra, dont 30 au fonds, plus 2 enfants, 9 femmes et 10 hommes en surface, occupés au transport, au triage et à la laverie. Ils sont 72, dont 36 au fonds en 1926 et 38 dont 11 au fonds en 1937.

Description :

La minéralisation de Matra suit une ligne Sud Nord le long du ruisseau de la Presa. Les travaux d’exploitation ont été menés dans trois galeries principales, desservies par deux puits, sur quatre niveaux. Les travaux sont éboulées ou inaccessibles, mais plusieurs bâtiments, l’usine de flottation, une partie de la laverie, la centrale électrique, les socles des pylônes et d’importantes haldes sont encore visible sur le site, au-dessus du village de Matra. Sur les trois ensembles de bâtiments, installés sur la rive gauche du ruisseau la Presa, on remarque des constructions en schiste avec un liant et un enduit à la chaux et des reprises en parpaings et ciment, sans doute de la dernière période exploitation (1935-1946). Deux petites constructions se trouvent sur la rive droite à proximité des anciennes galeries, utilisées pour ranger les outils, poudrières, etc.

La première laverie est installée en 1910, elle se compose d’un concasseur à mâchoires, de trois trommels, deux tables vibrantes, genre Wilfley ou Ferrari et un broyeur Cléro, du type à croisillons percuteurs pour réduire le réalgar en poudre. L’eau nécessaire au débourbage était captée dans le ruisseau de la Presa. Cette préparation permettait d’enrichir le produit, mais les eaux rejetées dans le ruisseau et utilisées par les habitants du village contenaient des matières résiduelles. Pour palier à cette situation on procède en 1915 à l’installation de bacs de décantation pour réduire les nuisances. D’autres part, après moins d’un an de fonctionnement, la laverie installée à proximité des travaux est arrêtée à cause de mouvements de terrain qui ont occasionné une dénivellation des arbres de transmission.

En 1926 une usine de flottation est mise en place. Cette installation comprend : un concasseur, un broyeur, un décanteur, un malaxeur et vingt cellules de flottation.

L’énergie était fournie par une centrale thermique électrique équipée de plusieurs moteurs diesel et d’alternateurs dont une partie est encore sur le site. L’énergie servait pour l’éclairage, les pompes d’épuisement des eaux et à mettre en mouvement les treuils.

Découvrez ici le blog de Michèle Cristofari

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