Le bandit de Vizzavona


Après avoir parcouru la Castagniccia en tout sens, il vint, un jour, l’envie à Minutu de connaître d’autres régions de son île natale. Il partit donc avec son âne chargeer de marchandises. pour l’accompagner, il choisit un montagnard qui connaissait les sentiers à suivre pour rejoindre la vallée de la Gravone.

A Bocognano, les deux voyageurs de séparèrent et chacun poursuivit sa route…

Commerçant averti, minutu liquida son stock en moins d’une semaine. heureux, de substantiels bénéfices en poche, il reprit le chemin du retour. Arrivé au col de Vizzavona, un robuste gaillard, armé de pied en cap, sortit à l’improviste de la forêt et le salua par ces paroles rituelles: « La bourse ou la vie?… »

Le pauvre Minutu, qui ne pouvait compter ni sur sa forec, ni appeler à l’aide dans ces lieux inhabités, dut se résigner à céder, non seulement son argent mais aussi son beau pantalon et sa paire de chaussures neuves. En échange, il reçut deux vieilles savates et une affreuse guenille qui cachait à peine sa nudité.

Alors que le brigand, heureux d’avoir réussi un si beau coup, s’enfonçait dans le bois, Minutu, ôtant sa veste, lui cria avec un accent de générosité:

-Ami! prend cela aussi. Au moins je voyagerai sans aucun souci!…

Le bandit, qui venait de s’apercevoir de son regrettable oubli, rebroussa chemin, prit la veste de Minutu, lui donna la sienne, et s’enfuit à toute jambes dans la forêt.

Quant à Minutu, satisfait d’avoir récupéré son argent de façon aussi simple, il détala avec la même hâte que son voleur. Et celui-ci essaya, des mois durant, de retrouver Minutu pour assouvir sa vengeance car, dans les poches de sa veste se trouvaient non seulement l’argent du marchand de Perelli, mais également le butin d’une semaine de brigandage…