La leçon de multiplication


Le vieux Borri était vannier. Ce métier qu’il exercait pourtant consciencieusement ne lui permettait pas de nourrir sa nombreuse famille. Depuis longtemps déjà, il rêvait d’abandonner ce travail fatiguant et peu lucratif. Or,un jour, en fouillant dans ses archives familliales, il découvrit un diplôme d’instituteur ayant appartenu à l’un de ses cousins.

Muni de ce précieux document, Borri prit la route de Perelli où, après avoir obtenu l’accord des notabilités, il se proposa d’apprendre aux enfants, les quatres opérations, base élémentaire des mathématiques.

Quelques leçons suffirent à prouver que le brave homme vivait dans l’ignorance totale des chiffres. parmi les diverses règles qu’il enseignait, celle de la multiplication mérite d’être publiée dans l’intérêt de la science:

« Les produits partiels d’une multiplication, répétait-il volontiers doivent s’écrire en escalier, c’est à dire en remontant, de la gauche vers le droite, comme si on tenait la rampe avec la main droite, qui est la plus ferme. Puis on fait le produit général… »

Comme il n’ignorait pas que le savoir lui faisait défaut, Borri se mit à jouer les diplomates. Aussi, ses relations avec ses élèveset leur famille étaient-elles des plus courtoises.

Un matin, rencontrant la mère de Minutu, il lui dit avec complaisance:

-je suis très content de votre fils. Il est vraiment intelligent. Il est très utile et même nécessaire que je lui enseigne tout ce que je sais!…

Avec fierté, la mère de Minutu rapporta les propos de l’instituteur à son fils. Ert celui-ci de répliquer malicieusement:

-moi, par contre, j’aimerais mieux apprendre tout ce qu’il ne sait pas!…