Le souvenir du roi David


A cette lointaine époque, les réjouissances du carnaval ne se limitaient pas au seul village où elles se déroulaient.

Les jeunes gens; le visage caché par des masques et vêtus d’habits extravagants, allaient de hameau en hameau sous la conduite d’un Roi, choisi parmi les plus facétiaux bouffons du pays, sans distinction de rang social. Ainsi le voulait la tradition…

Une année donc, les « masques » de Perelli étant acceillis à Pietricaggio, un discours burlesque fut prononcé par le Roi sur la place publique. Mais le prêtre, reconnaissant en la personne de l’éphémère majesté, un modestse chevrier de Perelli, manifesta sa surprise à haute voix:

-pauvres habitants de Perelli! Ils ne craignent pas de e ridiculiser. N’avaient-ils donc personne de plus digne pour porter le titre royal ? C’est avilir la couronne que de la poser sur la tête d’un pauvre gardien de chèvres!…

-Cher curé, répliqua Minutu, on dirait que vous n’avez jamais ouvert vos Livres Saints. Si vous aviez pris le temps de les lire, vous sauriez que le grand roi David n’était rien d’autre qu’un pâtres !…

Et le prêtre baissant les yeux, marmonna:

-Avec Minutu, seuls les muets ont quelque chance de passer inaperçus !…